Le temps des projections

Le 10 décembre à Lautrec première rencontre avec le public. Ecoute, applaudissements, débat intense. Et par la suite quelques messages qui font plaisir. Par exemple:

Je viens vous remercier de m’avoir conviée à la projection de « la lettre ». Voilà encore un sujet essentiel bien difficile à traiter . Comme toujours, vous réussissez sans complaisance à nous sensibiliser, à nous révéler subtilement, en nous laissant juste un peu du malaise nécessaire pour la prise de conscience. On mesure comme le chemin est long pour les femmes. J’ai aimé  vos choix pour mettre en lumière ce sujet et cette époque, la beauté des images, et le format si original du montage, la musique, les pubs, le noir et blanc avec juste une touche de couleur … Votre actrice m’a beaucoup touchée, elle a su nous transmettre un portrait juste  des femmes de cette période  (courageuses , à  la tâche, et aux avortements sans doute) , Elle m a bluffée .

Le lundi 8 janvier, à la Maison des auteurs, Rue Ballu (Paris), deuxième projection en vue pour les amis et quelques journalistes si possible. Viendront-ils? Ce serait une bonne idée car le film sortira le 27 Mars au Saint-André des Arts…

La Lettre: montage bouclé ?

Version 1, ça commence mal. Après avoir visionné le début, mon frère m’écrit:

« Je te confirme que la quête de cette pauvre mère de famille ne me parle pas du tout. Même si elle, elle parle beaucoup et comme un livre!…
Elle me reste étrangère et sa recherche du curé m’apparait comme tout à fait artificielle. Je ne parviens décidément pas à m’y intéresser.
Je l’impression de ne rien avoir pour m’attacher à elle, je ne la connais pas, elle m’apparait comme un instrument au service de ton discours (intrigue et thèse défendue) sans vraiment exister pour elle même ».

Version 2, après réécriture complète et réenregistrement d’une voix off, moins « surplombante », plus près du vécu de l’héroïne pour que le spectateur ne se sente plus étranger à sa quête, je fais visionner à quelques membres de l’équipe et autres proches. Myriam (habilleuse, maquilleuse, coiffeuse du film) me répond:

« J’adore le début avec le jeu radio-tiroir-son-
Je trouve que le son de la voix de Pascale, « regarde une lettre … » est trop bas.
De manière générale, je trouve qu’il faut beaucoup de concentration pour tout emmagasiner, surtout la voix off souvent trop rapide à mon goût.
« 

Version 3, nouvelle suppression de passages de voix off encore trop littéraires et surtout ajout de quelques spots publicitaires d’époque. Une manière de revenir au regard sur la féminité de ces années-là et d’ajouter un zeste de documentaire dans cette fiction. Ferdinand, mon fils et futur compositeur de la musique y va de son commentaire avant de se poser devant son clavier

« Coucou papa je viens de finir de regarder « la lettre ».
C’est cool ! Bravo ! Je trouve déjà que c’est mieux réussi techniquement. Les plans sont beaux, l’histoire est plus limpide à comprendre. 
Dans ce sens c’est agréable à regarder. Cela dit je trouve que globalement les enjeux narratifs me mettent difficilement en haleine durant tout le long du film. 
Mais c’est peut être parceque j’avais lu le scénario ! C’est une bonne idée aussi d’avoir entrecoupé les séquences avec quelques pub de l’époque. On voit bien que tu portes un regard critique. Ça remet bien en perspective comment la femme était perçue.
« 

Version 4, ajout de la musique. Mon vieux pote Hervé, réalisateur lui aussi, fait partie de mes spectateurs-test depuis toujours et me donne la sensation qu’on approche du but:

« Je viens de revoir La Lettre, version 4. J’ai apprécié les modifications. Il me semble que les premières images avec personnages figés et son off, passent beaucoup mieux. Je n’ai pas eu la même gêne que la première fois. Les inserts des publicités sont les bienvenus. Ils donnent une touche d’humour, permettent une certaine distance par rapport au propos, l’inscrivent parfaitement dans son contexte historique, culturel, idéologique. Juste un petit détail : j’ai eu l’impression que la musique était un peu trop forte sur le générique de début par rapport aux sons qui précèdent et qui suivent. Cela vient peut-être de mon ordinateur et de mes hauts parleurs très médiocres !  J’ai dû baisser le son et ensuite le remettre plus fort pour entendre la suite. L’ensemble est convaincant. »

Version 5, ma fille Faustine et Marie-Claire, la femme de Jean-Paul, chef op du film, sont passées par là pour trouver l’ensemble « très chouette » mais un peu « lent » ou « mou » par endroits. J’ai donc resserré les boulons, supprimé encore quelques passages trop explicatifs au profit d’ellipses… « Faire confiance au spectateur » disait l’autre… et voilà. Est-ce que ce Numéro 5 me portera autant chance qu’à un célèbre parfumeur?

« La Lettre, Voyage au pays d’avant #Me Too-Chapitre 2 » : Fin du tournage

3 Août 2023, midi trente: le dernier plan est en boîte.

J’ai donné peu de nouvelles ici entre cette publication et la précédente, la raison en est simple: trop d’intensité, trop de choses à faire, trop de bonheur à tourner avec cette équipe d’un engagement exceptionnel autour de moi.

Un immense merci à tous alors: Anita, Charles, Ainhoa et les autres enfants, Martin, Romain, Didier, Sabine, Mariamina, Aziz, Iris et tous les autres comédiens et figurants de la mémorable scène de la manif tournée le 23 juillet… Et puis Jean-Paul, Loïk, Myriam, Elise, Jean-Pierre, Aurélia et tous les autres derrière la caméra. Sans oublier ceux qui ont apporté des soutiens divers: voitures anciennes, décors, accessoires… Impossible de les citer tous, mais je me souviendrai toujours d’eux, c’était une aventure exceptionnelle.

Maintenant je vais me reposer un peu et puis on verra si le montage est à la hauteur de tous ces talents additionnés ! Enormes bises à eux

Costumes ? OK

Ce matin, 24 Juin, Super Rachel, étudiante américaine versée en matière de costumes, vient de repartir vers d’autres aventures. Elle était chez moi (au travers du système d’échanges Workaway) depuis début juin et ensemble nous avons écumé tout ce qui peut proposer des costumes à bon marché dans la région : Emmaus, bien sûr, mais aussi boutiques d’occasion, Vinted et rayons seconde main des supermarchés.

Résultat : une bonne vingtaine de tenues, dont presque la moitié pour le personnage de Cécile sont impeccablement alignés et étiquetés séquence par séquence sur un portant; attendant le premier jour de tournage.

Ca s’approche et si j’ai le trac, bien sûr, il pourrait être pire car, merci Rachel, on a super bien bossé !

Premier baiser

Nous y sommes de plus en plus. Les séances de travail avec mes deux comédiens principaux se succèdent et donnent naissance à Cécile et Jean-Pascal. Emotion de les voir naître sous mes yeux.

Ensemble ils ont commencé par imaginer, sous le feu de mes questions, les premières années de leur histoire d’amour, celles qui, avant le début du film, ont donné naissance à leur couple.

Et puis, une sélection de ces scènes ainsi que des principales du scénario ont donné lieu à des recherches de postures, d’images clé.

Voici celle du premier baiser. Frissons aussi bien devant que derrière l’objectif…

Casting complet

Avec l’entrée du personnage d’André, frère ainé de Cécile, le casting de ma Lettre est enfin complet! C’est la fin d’un long boulot entre recherches, tatonnements, heureux hasards, rencontres inattendues et je suis heureux d’en annoncer la clôture. Voici quelques photos:

Et il y en a évidemment d’autres dont je n’ai pas encore la photo…

Et puis commence maintenant la partie recherche de collaborateurs derrière la caméra, et parallèlement la collecte des accessoires…

Bilan de ces deux étapes dans un prochain article!

Cécile a un mari !

Un pas de plus vers le clap de début a été franchi hier dimanche. Après plusieurs échanges, lectures et conversations (merci Eva), j’ai rencontré Charles, comédien dont l’âge et le physique coïncident parfaitement avec l’idée que je me fais de Jean-Pascal, mari faussement inoffensif de Cécile. Son enthousisame, sa générosité, sa compréhension du personnage et surtout son profond désir d’un cinéma sincère, authentique et loin des magouilles du show biz ont fini de me convaincre. Je lui ai proposé le rôle et il l’a accepté. Voilà donc Cécile mariée ! Ne reste plus qu’à faire se rencontrer les deux jouvenceaux, comme au temps des Rois de France.

En attendant, le roi c’est moi, roi de ce projet qui prend forme et me couronne de bonheur. Une photo du fiancé ? La voici :

5 Mars, le déclic ?

Hier dimanche 5 mars, rencontre décisive avec Anita ! Comédienne, danseuse, musicienne et même monteuse occasionnelle, elle m’a donné son accord sans réserve pour incarner Cécile, fille de Mathilde et héroïne de ma Lettre (deuxième volet de Voyage au pays d’avant #Me Too). Elle était ma favorite parmi les diverses candidates et je n’attendais (après avoir vu divers extraits de films ou spectacles dans lesquels elle a déjà joué) que de la rencontrer en personne pour finir d’être convaincu. Dès le premier regard, c’était fait, et je veux croire maintenant que ce sera le déclic pour que ce nouveau film existe. En route pour l’aventure!!!

Son nom? Anita Schultz-Moszkowski

Deuxième volet

Le 10 février à Revel s’est clôturée la série des ciné-débats. Après Toulouse en décembre (Le Cratère), Paris en janvier (l’Epée de bois) et cinq ou six autres, cette « dernière séance » (guitares d’Eddy Mitchell…) n’a pas réuni d’énorme foule mais a conduit à un débat très concerné. Toujours les mêmes stupéfactions devant le carcan imposé aux couples que le film dénonce, les mêmes remarques sur l’utilité qu’il y aurait à ce que les jeunes générations le voient, les mêmes étonnements admiratifs aussi devant l’inventivité de la mise en scène. C’est sûr, tout ça fait plaisir quand la salle s’éteint et quand les derniers strapontins se referment.

Même si j’ai alors consacré beaucoup d’énergie, pendant quasiment un an, à cette laborieuse diffusion de ma chère Fraude, je n’ai pourtant pas fait que ça. J’ai aussi écrit un autre film. La Lettre est son titre provisoire et c’est en quelque sorte le deuxième volet du précédent. Un « Voyage au pays d’avant #Me-Too- Chapitre 2 ». Rédigé initialement en juin 2022 sous la forme d’une longue nouvelle, je l’ai ensuite adapté en scénario dès la fin de l’été, puis, au bout de deux ou trois versions successives et convaincu que mon désir était de réaliser un nouveau film (ce qui n’était pas évident: ç’aurait pu aussi être un roman ou un podcast), la perspective d’un nouveau gigantesque chantier s’est alors un peu dressée devant moi comme une falaise infranchissable. « Tout ça pour ça!!! Est-ce que ça en vaut vraiment la peine? » me disais-je.

Jusqu’au jour où le décor principal (une maison des années 1960 dans laquelle Cécile, fille de Mathilde, l’héroïne douloureuse de La Fraude, passe les quatre-cinquièmes de sa vie de femme au foyer, ensevelie sous les taches domestiques et les hebdomadaires positions du missionnaire que son mari attend d’elle) m’a traversé l’esprit un matin au réveil. C’est la maison des parents d’un vieil ami : Jean-Pierre. Elle est située à Albi et est restée dans son jus depuis la disparition de ses occupants. A l’occasion d’une rencontre pendant les vacances de Toussaint, j’ai alors posé la question à Jean-Pierre et sans hésiter il m’a aussitôt donné son accord. Merci Jean-Pierre, je ne sais pas encore si ta réponse aura une répercussion tangible sur l’histoire du cinéma mais, à coup sûr, elle en a eu une sur la mienne. Bizarre en effet comme les choses se sont alors débloquées pour moi, car, à partir de ce moment là, la quête d’une comédienne pour incarner Cécile est devenue ma frénésie, mon urgence quotidienne.

J’ai d’abord écumé toutes mes anciennes connaissances parisiennes, posé la question à toutes les personnes que j’ai pu croiser… A mes enfants aussi, Faustine et Ferdinand, qui ont eux-mêmes des amis dans ce milieu… En vain… Avec une mention spéciale pour une certaine Juliette toutefois, second rôle de plusieurs films ou séries, que je remercie d’avoir considéré ma proposition avec sérieux, qui m’a longtemps fait attendre sa réponse mais qui a finalement suivi l’avis de son agent: « Ce serait non! ». L’aspect financier a bien sûr joué un rôle dans sa décision, je l’imagine, car mon budget est le même que celui de La Fraude, autrement dit: une autoproduction basée sur le bénévolat de ses participants.

Alors, de retour dans ma province fin janvier, j’ai continué à chercher, et j’en suis là aujourd’hui ! Plusieurs visages, connaissances d’amis divers dans les milieux du théâtre en Occitanie, sortent de l’ombre pour possiblement incarner ma Cécile: les voici. L’un d’eux a ma préférence mais, ne sachant pas encore s’il me sourira jusqu’au bout, je préfère le laisser pour l’instant dans l’anonymat.

Fin des illusions festivalières, consolation des ciné-débats

Voilà, c’est entendu, aucun festival n’aura sélectionné ma Fraude. Le dernier article paru ici en a détaillé quelques péripéties; la suite des réponses aura été du même tonneau… Vide!

Alors vers le mois d’Août, premier anniversaire du tournage, un dernier sursaut m’a conduit à me rebeller. Quoi? C’est tout? Faut-il que mon utopie d’un pur désir de cinéma soit déjà ramenée à ce qu’elle est ?

Alors, j’ai contacté les salles indépendantes d’Occitanie d’une part et toutes celles qui sont affiliées à l’Association des Cinémas Indépendants Parisiens de l’autre. Soit au total environ 160 mails! L’idée était de leur proposer des soirées débat « en présence du réalisateur ». Résultat : une trentaine de réponses plus ou moins curieuses, des demandes de précisions, et au final trois ou quatre dates fermes.

Centre Culturel « Le Rond-Point » de Labruguière (81) le 1er décembre, Cinéma « Le Cratère  » de Toulouse le 21, Cinéma « l’Epée de Bois » 75005. le 12 janvier. D’autres sont encore en suspens.

L’ Epée de Bois sera-t-elle alors l’occasion d’un dernier duel avec le public (que j’espère bien sûr nombreux)? Celà sera-t-il le pot d’adieu au grand écran ? En tout cas j’ai l’impression d’avoir tout tenté et maintenant je vais passer au petit. TV ? Je n’y crois guère… Plate formes VOD ? Peut-être… La suite au prochain post.

En tout cas, dussé-t-elle s’arrêter là, cette aventure de la Fraude aura été une des plus exaltantes que j’ai vécues et je n’en regrette pas un seul épisode. Elle a été la plus belle des réussites de mon rêve qui consiste à arracher le cinéma, le vrai, celui qui se regarde en salles, aux griffes des marchands et autres mafias de copinages institutionnels… A prouver qu’on peut faire un film sans rien d’autre qu’une caméra, des comédiens et du désir… Qui plus est un film qui ne se contente pas pour autant de chuchotements intimistes ni ne craint d’ambitionner une vraie esthétique visuelle… Sera-t-il mon chant du cygne? Je pense à une « suite »… L’espoir fait vivre…