Mardi 15 février 18h, Imagin’Cinéma à Gaillac. Une quarantaine de spectateurs étaient là. Pas énorme. Et une écrasante majorité de cheveux blancs… En revanche l’accueil a été franchement favorable. Pas l’ombre d’une remarque qui ne soit positive, certains se sont même laissés aller à des comparaisons quelque peu surdimensionnées (Bernanos). Celà dit, je serais de mauvaise foi si je prétendais que ça ne m’a pas flatté. Mais il faut surtout parvenir à toucher un public plus jeune. Le débat qui a suivi la projection a d’ailleurs beaucoup porté là-dessus: il faut que les jeunes voient ce film car ils sont à mille lieues d’imaginer ce qu’était la sexualité de leurs… grands ou arrière grands parents!
Ce soir, deuxième avant première, au Lido de Castres cette fois. L’assistance sera-t-elle moins chenue?
Comme les choses sont étranges! Il y a un an à peu près j’étais arc bouté sur la parution de cette « Croisette des albigeois », et voilà qu’au lieu d’elle c’est une autre aventure qui s’est concrétisée.
Oui la Croisette est toujours dans mes tiroirs tandis qu’au lieu de ça, un film est né.
1968 : dans la pension où il coule des jours paisibles, un vieil abbé artiste peintre et jeune d’esprit malgré son âge, reçoit une lettre qui aurait dû lui parvenir 30 ans plus tôt. Ses souvenirs se réveillent alors… Curé débutant à Paris dans les années 1920et frappé par l’ignorance d’une jeune fille en matière de sexualité, il a tenté de lui éviter l’enfer conjugal dans lequel beaucoup de ses semblables étaient plongées. Mais ses velléités éducatives se sont vite réduites à ressasser un dogme indépassable pour son église : «Le liquide fructifiant ne doit pas être détourné du vase féminin, tout le reste est fraude.» 30 ans plus tard, la culpabilité, l’asservissement et finalement l’issue fatale auxquels il a condamné sa jeune paroissienne, lui reviennent en pleine face
Sa gestation fut longue : plusieurs années que je ruminais ce projet (les lettres à l’abbé Viollet sur la sexualité lues dans l’ouvrage de M Sévegrand « l’Amour en toutes lettres »/ Albin-Michel 1996) sans trop savoir comment l’aborder; mais sa réalisation, elle, fut courte ! En effet vers Mars-Avril dernier, il y a eu l’accord de trois de mes vieux potes comédiens : Sabine D’Halluin, Didier Moreira et Romain Torres. Presque sans lire le scénario (un peu quand même), et avant tout sur l’enthousiasme de se retrouver autour d’un projet commun, au service d’une certaine idée de la liberté des femmes à disposer d’elles-mêmes, ils m’ont dit « Banco, on le fait! ». Sans l’ombre d’un salaire évidemment. Et partant de là tout s’est enchaîné dans une sorte d’alignement de planètes favorables : décors, accessoires, rôles complémentaires… De sorte que hormis le CNC qui a refusé toutes les aides que je lui ai demandées (au scénario, à la réalisation…), il semblait que le monde entier voulait voir ce film exister!
Evidemment j’ai beaucoup travaillé (ce qui explique l’interruption totale de publications dans ces lignes). Pendant un an je n’ai fait que ça: préparer le tournage, rassembler le matériel, les accessoires, tourner, monter, puis présenter le film, lui chercher une sortie, tout ça, seul est sans monnaie, mais pas seul est sans amitiés! Merci à tous alors : Valérie, Conor, Sabine Didier et Romain bien sûr, mais aussi Marie-Amina, François, Jean-Michel et tous les autres: quelle joie quelle aventure humaine extraordinaire ! Joie de créer, de s’exprimer, de réussir quelque chose ensemble et loin des empêchements formatés.
Et voilà, le film est maintenant terminé. Il est inscrit dans quelques festivals, j’espère qu’il sera sélectionné une fois ou deux, mais l’important est que dans quelques jours va commencer sa rencontre avec le public, le vrai public, pas celui- des amis. Depuis une semaine en effet la bande annonce est projetée dans les cinémas de Gaillac et de Castres. Elle annonce les avant-premières des 15 et 17 février. J’ai le trac de sentir comment, dans la salle, tout ça va se passer.
Car cet accueil préfigurera l’autre accueil, le grand, le parisien. En effet, à mon immense joie, et aussi simplement que deux et deux font quatre, Dobrila Diamantis a décidé d’inclure le film dans son cycle « Les Découvertes du Saint-André ». Sortie le 13 avril, et pour quatorze séances jusqu’au 11 mai. Vive le cinéma comme on l’aime et comme il n’est plus, hélas, si souvent : jubilant et frétillant de sa liberté, de sa fierté, de son artisanale humanité.
Fin de semaine dernière est paru sur le blog littéraire de « L&T Cosmic Sam » une belle critique de Gésir et un entretien. J’aime bien les questions qui m’ont été soumises et les réponses auxquelles elles m’ont conduit. Pour y accéder cliquer sur l’image :
… une soixantaine d’exemplaires ont été téléchargés ou achetés en librairie selon le récapitulatif du mois de Mars. Ce n’est pas rien, mais pas énorme non plus… Ce qui est frappant en revanche est le très faible nombre d’avis laissés par mon entourage proche sur Amazon, Fnac ou Decitre (2 ou 3 à peine sur une centaine de mails… ) comme si les gens ne savaient pas faire, ou n’avaient pas l’habitude… A cet égard les vertus de l’autopublication vue comme équivalent du circuit court en terre littéraire restent donc à prouver. Ou bien la solidarité entre amis est en voie de deshérence… Pour cause d’overdose ? Qui sait ? Par ailleurs selon les stats, ma campagne de pub Facebook aurait sucité dans les 60 000 clics. Ce qui signifierait un téléchargement sur 1000… Là aussi était-ce ce à quoi il fallait s’attendre? Si quelqu’un sait, merci pour l’info… Mais bon tout n’est pas encore perdu, un ou deux autres articles presse ou influenceurs restent à paraître, et puis je peux aussi essayer de refaire une campagne de promo avec téléchargement gratuit d’ici quelques jours… Pour le moment : let’s wait and see 🙂
Bon, voilà une dizaine de jours que Gésir est paru sur les plateformes idoines, et je découvre les joies de la chasse au nombre de clics!!! C’est vrai, s’autopublier est un sport qui consiste à sortir du lot, car, c’est tout bête mais quand un éditeur « normal » choisit votre manuscrit, c’est lui qui l’extrait de la masse; en revanche quand votre littérature ne doit son existence publique qu’à votre seul bon plaisir, tout reste à faire dans ce domaine.
Qu’est-ce que j’ai fait alors?
Primo j’ai proposé le téléchargement de l’ebook gratuit jusqu’au 31 Mars
Ensuite, j’ai envoyé le bouquin à quelques uns des bloggeurs qui avaient chroniqué le précédent, envoyé aussi un mail avec lien vers Amazon et consorts à tout mon carnet d’adresse, plus contacté la presse locale pour qu’elle fasse quelques articles et enfin, grosse affaire pour un amateur comme moi, tenté de lancer une campagne de pub sur Facebook !!! (les points d’exclamation sont là pour donner une vague idée du stress qu’il y a à dompter la bête! J’avais l’impression de me battre contre HAL 9000… ) Bref, tout ça dans le but de provoquer des clics. Des clics vers Amazon, vers Decitre, vers Fnac Livres… Bref des clics pour que les gens téléchargent le livre (gratos, ça devrait le faire quand même !) qu’ils le lisent, et qu’ensuite, ils veuillent bien ajouter un avis de lecteur favorable… Auto édition, auto promotion…
Voilà l’idée… C’est pas sorcier, primaire même, sans doute, pour des publicistes plus avertis que moi, mais en même temps quel boulot ! Dix jours que je ne fais que ça (surtout la pub FB !)
Et le résultat alors? Telle est la question que vous vous posez, bien sûr… Alors pour le moment 2 commentaires sur Amazon, dont un de ma propre main (chut, ne pas répéter…) et 1 sur Fnac livres. Oui, je sais c’est maigre, mais « même les nains ont commencé petits » comme disait l’autre. Et puis quand même il y a eu ce mail ; et là, franchement ça fait plaisir :
Et voilà, c’est parti ! Aujourd’hui Gésir parait en ebook (gratuit pendant 15 jours) sur les premiers grands sites de vente en ligne (Amazon, Fnac livres, Decitre…) Cette idée bizarre d’essayer l’auto publication va-t-elle réussir
Je me jette à l’eau ! Déçu par la collaboration avec l’éditeur de ma précédente « Taupe » (zéro accompagnement dans la diffusion donc quasi zéro ventes), et fatigué avant même de les recevoir par les lettres de refus des autres (… ne correspond pas à notre ligne éditoriale) je vais essayer l’auto édition. Non, ce n’est pas lâcher la proie pour l’ombre (L’Harmattan m’aurait accueilli les bras ouverts). Oui, j’y ai bien réfléchi (Cette forme de publication ne s’accompagne d’aucun abandon de droits et sert même paraît-il de vivier pour les éditeurs conventionnels). Alors d’une part, j’aurai le plaisir d’explorer une de ces inventions de la modernité qu’on appelle la révolution digitale ; tandis que de l’autre j’aurai au moins en contrepartie de la même solitude, l’entière maîtrise du projet.
Mais pour partir à l’assaut de ce continent inconnu, mon ballon d’essai ne sera pas ma longuement mûrie « Croisette » dont je parle dans ces lignes depuis des mois . Trop tendre encore, trop près de mon coeur pour la jeter en pâture au vaste monde. Tellement de paramètres sont à considérer en effet (couverture, promotion, diffusion…) tellement d’erreurs à ne pas commettre que je préfère envoyer au front un texte plus ancien, moins chérubin face à l’existence, et qui a le cuir épais.
Gésir est son titre, et il n’y a pas de faute de frappe dans le titre : c’est bien la lettre « G » qu’il faut lire ! Ecrit en 2013, je l’avais déposé aux Editions du Net (là aussi sans aucune action de promotion, donc pour un résultat tout aussi confidentiel) ; et, après l’avoir un brin toiletté, c’est ce roman historique qui va donc naviguer en éclaireur pour moi sur l’océan Amazon-Fnac-Hachette. Mise en orbite prévue le 15 mars ! Quelle aventure !
Tous ensemble avec lui, alors, pour lui souhaiter bon vent et si tout se passe bien, La Croisette plongera bientôt dans son sillage.
Voilà, c’était avant-hier et j’ai enfin terminé la ré-écriture de ma Croisette des albigeois ! Un très long travail mais qui a, je crois, bien approfondi l’ensemble.
En un mot comme en cent, l’idée était de conserver à peu de choses près le récit initial mais d’y ajouter un narrateur qui assiste aux mésaventures des personnages depuis le futur. Comme un ethnologue ou un sociologue se retournant sur les comportements de ses aïeux (genre ses arrière grands parents, c’est à dire nous).
– Je suis… Attends…A l’époque où commence ce récit, personne ne porte encore de masque, la voix de Jean-Paul résonne donc claire et précise dans la cabine de la camionnette embaumée de son haleine et de celle du conducteur mêlées. Elle n’a pas ce timbre ouaté, étouffé par les couches de tissu, ou de coton-plus-viscose auquel nous sommes habitués maintenant et qui, pour pallier des paroles pas toujours compréhensibles ont rendu nos expressions de regard outrancières et exorbitées.
La chose était déjà vaguement perceptible dans la version précédente, mais « vaguement » précisément. L’intérêt de souligner le trait est alors que le regard porté par cet observateur du futur laisse deviner, au travers de ses étonnements et de ses jugements quelles sont les valeurs de l’époque dans laquelle, lui, vit !
Or vu depuis le moment où ce récit s’écrit, l’épisode qui va suivre pourrait bien constituer une variation assez éclairante sur la chose. Il est clair en effet qu’un tribunal de la fin du vingtième siècle tel que celui que nous allons voir fonctionner était perçu comme difficilement dépassable. Soit le résultat de textes et d’ajustements législatifs divers, patiemment élaborés au fil de lois longuement débattues à l’Assemblé Nationale, de jurisprudences et de séparation des pouvoirs… Qui aurait imaginé alors la révolution antigonistique qui allait se dérouler dans les décennies immédiatement suivantes ? Qui aurait pu soupçonner le changement radical opéré sur le système judiciaire par les plateformes digitales ?
Et à cet égard, je m’en suis donné à coeur joie d’imaginer les développements débridés de la révolution digitale, des populismes, des ravages climatiques et des solutions qui leur sont trouvées… J’ai même inventé des concepts politiques ou soi-disant philosophiques pour faire rêver un peu: « Antigonistique », « Décohérence ». Mais bien sûr tout ça est comme hors champ, à peine esquissé… Au lecteur d’imaginer, de se projeter vers ce futur qui se construit déjà un peu (beaucoup?) sous ses yeux.
Bon tout ça trouvera-t-il un public? C’est une autre affaire, et maintenant va commencer la partie d’échecs… Les lettres de refus des éditeurs, etc… Mais bon, pour quelques jours encore, je m’accorde le doux rêve d’avoir enfin écrit un chef d’oeuvre 🙂
D’abord, la réécriture de « la Croisette » progresse. Environ à la moitié de sa révision, le manuscrit fait sa mue, parfois heureuse, parfois laborieuse…
Et puis, puisque j’en ai évoqué l’existence dans l’article précédent, voici quelques précisions sur ce scénario qui m’occupe aussi : »La Fraude » (après tout, si le but de ce blog est de consigner mes activités plumitives, on est bien dans la cible). Il s’agit alors d’imaginer un récit à partir des centaines de lettres reçues des années 1924 à 1943 par le chanoine Viollet, prêtre parisien devenu par la suite résistant et dont un square de la capitale porte le nom. J’ai découvert l’existence de cet homme courageux mais pris dans les contradictions de son époque dans l’ouvrage de M Sevegrand « l’Amour en toutes lettres » (Albin Michel 1996), un recueil qui rassemble la correspondance entre cet abbé et ses fidèles à propos des questions délicates de la compatibilité entre la doctrine catholique et la réalité de la vie conjugale. L’incroyable naïveté des paroissiens qui s’y exprime alors, leur ignorance sidérante de la sexualité (il s’agit pourtant approximativement de la génération de nos grands parents) d’une part et l’effrayante hypocrisie des réponses de l’église de l’autre, m’a fasciné. Le malheureux prêtre, sensible à la détresse des époux, tente en effet de leur apporter des réponses concrètes, tandis que la secrète mais permanente volonté de l’église de contrôler la procréation, donc le corps des femmes, le coince dans un conflit aussi passionant qu’éclairant sur la nature profonde du discours religieux.
Imaginant alors quelques personnages (femmes et hommes) pour incarner la chose, je m’écarte clairement dans ce scénario d’un projet biographique. Je n’y retiens que le contenu des lettres, qui, lui, est respecté intégralement. Le but? Faire toucher du doigt que les houleux débats sur l’émancipation féminine et autres emprises de la religion qui secouent nos années 2020 ne sont pas nouveaux; et que connaître leurs racines ne peut pas faire de mal pour y voir plus clair.
Pour le moment, le texte est à peu près achevé et je réfléchis à diverses manières de le mettre en images.
A nouveau long silence… Car non ce n’était pas fini. D’abord, j’ai commencé à envoyer quelques exemplaires de mon nouveau manuscrit à droite et à gauche vers des éditeurs régionaux (le « Albigeois » du titre l’impose). Et puis les réponses, négatives évidemment, sont venues -déjà que les boites régionales ne sont pas légion, parmi elles, il faut ensuite éliminer celles qui annoncent carrément qu’elles n’acceptent aucun manuscrit nouveau, en plus il faut ajouter le corona et sa torpeur vertigineuse des appétits lectoriels… Bref, comment dire, c’était couru d’avance- j’ai donc commencé à douter! « C’est vrai qu’il y a trop de romans, c’est vrai que le mien n’a rien de nécessaire à la survie du monde » me suis-je dit, et j’ai voulu le remettre sur le métier. Et voilà, j’y suis encore. Bon, ce n’est pas totalement loin du but, mais avec cette nouvelle année, je me disais qu’il fallait quand même donner quelques nouvelles. Alors voilà c’est fait, Bonne année à tous en attendant et à bientôt j’espère.
PS: j’oubliais! Parmi les choses qui m’ont retenu d’alimenter ces pages, deux autres activités m’ont pris pas mal d’énergie et de temps:
Primo: l’écriture d’un scénario de film ( La Fraude, celà s’appelle, et je vous en reparlerai quand ce sera vraiment au petit poil).
Deuxio: la conception et la réalisation d’un site web à la mémoire de mon père, disparu le 1er janvier 2009 (11 ans déjà !) mais né en 1920. 2020 était donc le centenaire de sa naissance et, avec mon frère, on s’est dit que si on ne faisait rien cette année, on le ferait jamais. Donc voilà, on s’y est collés et le résultat est en ligne. Qui veut aller voir?