Mercredi 27 mars 2024, première projection au Saint-André des Arts; jour « J » tant attendu, tant préparé, tant espéré… Résultat : 4 spectateurs!
Jeudi 28 mars, deuxième séance : 6 spectateurs, soit 50% de plus. Espoir.
Vendredi 29 mars: hélas, 1 seul spectateur! Je crois que c’est ce jour-là que j’ai compris et qu’a commencé une sorte de chemin de croix.
En effet samedi, dimanche, week-end ou pas week-end, rien n’y a fait et jamais plus de 7/8 spectateurs ne se sont présentés dans la salle. Pour quelle raison? L’horaire bien sûr: 13h c’est carrément héroïque ! Autre chose: l’absence totale d’annonce dans la presse, y compris Télérama Sortir qui me lâche en rase campagne… Pourtant La Fraude avait fait beaucoup mieux dans les mêmes conditions; et D Diamantis, aussi déçue que moi, m’assure que d’autres films du cycle Découvertes rassemblent plus de public. Pourquoi ce flop alors ? La raison principale est, je crois, que mon réseau personnel parisien n’est plus assez étoffé. Trop longtemps que je suis parti et mes relations professionnelles, amicales, de voisinage… se sont etiolées, parties en province, disparues… De plus ceux qui restent sont vieillissants, malades, « doivent garder les petits enfants » donc ne sortent plus ; et les quelques uns qui m’ont fait le plaisir de se déplacer encore ne sont plus assez nombreux pour déclencher un phénomène de boule de neige. En somme, je suis trop vieux!
La pilule est d’autant plus amère que systématiquement les rares personnes qui voient le film sont enthousiastes: « Un film qui touche, un film qui devrait être montré partout, aux jeunes en particulier, un film qui est tellement d’actualité… Et comment faire pour visionner le premier épisode (La Fraude)? » Ca fait plaisir bien sûr mais ne compense pas la boule au ventre qui me saisit chaque fin de matinée à l’approche de la salle : »Combien aujourd’hui? ». Le jeudi 04/04, jour où Anita vient exprès de Toulouse pour co animer avec moi la projection, ce sera même zéro ! Je touche le fond, j’ai envie de pleurer et de tout plaquer.
Quelques maigres consolations toutefois : le vendredi 5/04, venue de Frédéric Strauss, le crâne brillant au 1/3 inférieur droit sur la photo ci-dessus (critique à Télérama et ancien rédac-chef adjoint des Cahiers). Il me fera un bref retour sympa: « J’ai trouvé votre film très tenu, avec de vraies qualités professionnelles et une tonalité à part, une recherche… » Le même jour: rencontre avec Philippe Chevassu, patron de Tamasa Distribution qui éventuellement pourrait envisager une publication DVD… On verra.
Et pour clôturer le désastre, la dernière projection aura lieu le dimanche 07/04 (photo ci dessus) au lieu du lundi 08, car la sono de la salle va tomber en panne, causant l’annulation de la dernière.
Résultat des courses: à peine une cinquantaine de spectateurs en 12 séances. On est loin de Titanic! Alors tout le monde autour de moi est gentil, m’encourage de diverses manières, me dit de ne pas désespérer, voire de continuer (F Strauss) ou encore affirme « être fier de mon exploit : un film en salle à Paris, tout le monde en rêve et toi, tu l’as fait! » (mon fils Ferdinand) « L’important est de toucher les gens, le film restera avec eux, les accompagnera dans leur vie, c’est ça le cinéma! » (ma fille Faustine) ; mais je ne sais plus, je doute de la totalité de mon entreprise. Paris en tout cas ne m’aime plus, et je rentre chez moi en guerrier vaincu.