Voilà, c’était avant-hier et j’ai enfin terminé la ré-écriture de ma Croisette des albigeois ! Un très long travail mais qui a, je crois, bien approfondi l’ensemble.
En un mot comme en cent, l’idée était de conserver à peu de choses près le récit initial mais d’y ajouter un narrateur qui assiste aux mésaventures des personnages depuis le futur. Comme un ethnologue ou un sociologue se retournant sur les comportements de ses aïeux (genre ses arrière grands parents, c’est à dire nous).
– Je suis… Attends… A l’époque où commence ce récit, personne ne porte encore de masque, la voix de Jean-Paul résonne donc claire et précise dans la cabine de la camionnette embaumée de son haleine et de celle du conducteur mêlées. Elle n’a pas ce timbre ouaté, étouffé par les couches de tissu, ou de coton-plus-viscose auquel nous sommes habitués maintenant et qui, pour pallier des paroles pas toujours compréhensibles ont rendu nos expressions de regard outrancières et exorbitées.
La chose était déjà vaguement perceptible dans la version précédente, mais « vaguement » précisément. L’intérêt de souligner le trait est alors que le regard porté par cet observateur du futur laisse deviner, au travers de ses étonnements et de ses jugements quelles sont les valeurs de l’époque dans laquelle, lui, vit !
Or vu depuis le moment où ce récit s’écrit, l’épisode qui va suivre pourrait bien constituer une variation assez éclairante sur la chose. Il est clair en effet qu’un tribunal de la fin du vingtième siècle tel que celui que nous allons voir fonctionner était perçu comme difficilement dépassable. Soit le résultat de textes et d’ajustements législatifs divers, patiemment élaborés au fil de lois longuement débattues à l’Assemblé Nationale, de jurisprudences et de séparation des pouvoirs… Qui aurait imaginé alors la révolution antigonistique qui allait se dérouler dans les décennies immédiatement suivantes ? Qui aurait pu soupçonner le changement radical opéré sur le système judiciaire par les plateformes digitales ?
Et à cet égard, je m’en suis donné à coeur joie d’imaginer les développements débridés de la révolution digitale, des populismes, des ravages climatiques et des solutions qui leur sont trouvées… J’ai même inventé des concepts politiques ou soi-disant philosophiques pour faire rêver un peu: « Antigonistique », « Décohérence ». Mais bien sûr tout ça est comme hors champ, à peine esquissé… Au lecteur d’imaginer, de se projeter vers ce futur qui se construit déjà un peu (beaucoup?) sous ses yeux.
Bon tout ça trouvera-t-il un public? C’est une autre affaire, et maintenant va commencer la partie d’échecs… Les lettres de refus des éditeurs, etc… Mais bon, pour quelques jours encore, je m’accorde le doux rêve d’avoir enfin écrit un chef d’oeuvre 🙂