L’idée part d’un festival de documentaires. De documentaires sur la famille, pour être précis. A l’invitation des organisateurs, j’y présente Fils du Siècle, un film consacré à quelqu’un à qui je dois beaucoup : mon père ; mais là n’est pas le sujet. En effet, le visionnage à haute dose durant un week-end de plusieurs approches de ce thème aussi foisonnant que rempli de poncifs : « famille, je te hais! », « famille, tu es la plus belle ! », « famille, je t’interrogerai toute ma vie… », me fait venir l’idée d’un roman qui raconterait l’histoire d’un documentariste pris dans ce piège.
Partant de là, une bonne grosse année d’écriture, de liberté créatrice et de jubilation -« Se consacrer enfin exclusivement à ce vieil ami : le stylo! »- me fait traverser cette année 2010-11 sur un petit nuage.
Olivier aime les caméras et voudrait réaliser des documentaires sincères et engagés ; mais, provincial et un brin sauvage, il végète dans son coin. Maud, sa jeune amoureuse -dont l’oncle est un influent personnage- pense l’aider en le poussant à tourner le film de famille qui sera projeté lors de la prochaine fête des soixante ans de mariage de ses grands-parents. Malgré ses réticences à effectuer une commande aussi peu glorieuse, Olivier finit par accepter … Mais mal lui en prend, car, bien vite, d’enfants cachés en doubles vies, les secrets de la grande caste bourgeoise d’où est issue sa petite amie le plongent dans un imbroglio catastrophique qui dépasse de loin tout ce à quoi il s’attendait …
Et puis, parvenu au bout du récit, gonflé à bloc par les encouragements de quelques amis à qui je fais lire le manuscrit : l’un d’entre eux me dit même qu’il est fier d’avoir lu le prochain Goncourt !!! (Sacré Hervé! En matière d’écriture, ne jamais croire les amis, même s’ils ne s’appellent pas Hervé…) je me lance dans un vaste programme d’impressions et de reliure, puis j’achète des enveloppes grand format et engloutis pour finir un budget certain en frais d’expédition (messieurs Grasset, Belin, Stock et consorts n’acceptent que les manuscrits papier).
Résultat des courses : 34 lettres de refus ! Cette année 2011 m’aura vu passer du statut de futur Goncourt à celui de loser décomposé… Heureusement j’avais pris la précaution d’écrire sous un pseudo… Louis Calvel, c’était.
Alors, avalée la pilule et ravalé l’égo, un article de l’Obs me redonne une lueur d’espoir un jour de printemps en évoquant la révolution à venir des e-books et autres liseuses « Après la musique et le cinéma, le livre se convertit au numérique » dit le chapeau. Je me mets alors en quête d’un de ces éditeurs branchés en ligne et finis par signer en 2012 avec Syllabaire Editions (qui changera malheureusement vite de politique et ne publiera plus que des livres de cuisine)…
… Puis, en 2014, avec les Editions du Net où ce texte est toujours disponible en version papier et électronique : https://www.leseditionsdunet.com/roman/2260-un-film-de-famille-louis-calvel-9782312027661.html