Montage ok ?

Un montage peut-il en cacher un autre? Tirer 52 minutes de 4 ou 5 heures de rushes implique forcément des choix, exprime un regard. Ce regard rencontre-t-il celui de Jan Dau Melhau, principal intéressé ?

Réponse: cette fois « oui » après quelques menues adaptations. Maintenant reste à voir quelle sera la réception de la chaîne. A voir d’ici quelques semaines en principe

Fin de tournage

Dernier jour aujourd’hui. Jan Dau Melhau, occitaniste, anarchiste, musicien, poète, auteur, éditeur et polémiste nous a accueilli dans son antre de Royer où il célèbre depuis plus de 40 ans la culture limousine. Jean-Paul Faure, mon vieux complice derrière la caméra et moi aux manettes, l’avons filmé, écouté et été impressionnés par sa culture, son talent mais surtout par la radicalité de son engagement anti technologie, anti centralisme et anti conformiste.

Demain je rentre chez moi pour me confronter aux rushes et attaquer le montage. C’est sûr qu’il sera difficile de concentrer toutes ces images et interviews intégralement en oc en 52 minutes, format demandé par la chaine commanditaire (Télé Oc). On fera deux versions: la diffusable et la director’s cut. Je suis certain qu’il ne déplaira pas à Dau Melhau de sortir ainsi des clous!

Chapitre 3

Voilà, c’est fait, le scénario du troisième volet de Voyage au pays d’avant #Me-Too existe. Son titre, L’empire du mâle, chute et fin, chapeaute l’histoire de Pascale, fille de Cécile (La Lettre) et petite-fille de Mathilde (La Fraude). L’action se situe dans les années 1990, trente ans donc après la Lettre et soixante après la Fraude avec une extension vers 2017, date d’éclosion du mouvement #Me-Too. Le but est atteint donc, et la trilogie se terminera là, avec ce réveil du droit des femmes à disposer de leur corps.

Bien sûr, j’aimerais pouvoir annoncer ici que cette nouvelle chronique d’une femme de trente ans aux prises avec un monde d’hommes sera bientôt mise en images, que son interprète principale sera une telle et que sa sélection au festival de Cannes n’est plus qu’une question de jours, mais je crains que ce soit quelque peu prématuré.

Je me contenterai alors seulement de dire que cette écriture a été longue, laborieuse, qu’elle est passée d’abord par le stade d’une version littéraire, une sorte de court roman qui m’a permis de mieux faire connaissance avec les personnages et mes propres intentions, puis que j’ai ensuite adapté ce roman en scénario, et que je le fais lire maintenant par quelques personnes de confiance pour y détecter les possibles lourdeurs, maladresses ou ambigüités. Au total : quasiment une année d’écriture.

Car le sujet est épineux bien sûr (sinon, quel intérêt?). Il est question du milieu du cinéma, du droit de cuissage, des abus de pouvoir en usage dans cet univers faussement glamour; et les évènements décrits s’inspirent autant de faits réels vécus par diverses jeunes femmes dans certaines chambres d’hôtel que de souvenirs moins sexués mais parfaitement autobiographiques en termes de dépossession et de mafia régnante.

Voilà!

On se dit à bientôt pour les premières étapes de la préparation?

Le retour du guerrier vaincu

Mercredi 27 mars 2024, première projection au Saint-André des Arts; jour « J » tant attendu, tant préparé, tant espéré… Résultat : 4 spectateurs!

Jeudi 28 mars, deuxième séance : 6 spectateurs, soit 50% de plus. Espoir.

Vendredi 29 mars: hélas, 1 seul spectateur! Je crois que c’est ce jour-là que j’ai compris et qu’a commencé une sorte de chemin de croix.

En effet samedi, dimanche, week-end ou pas week-end, rien n’y a fait et jamais plus de 7/8 spectateurs ne se sont présentés dans la salle. Pour quelle raison? L’horaire bien sûr: 13h c’est carrément héroïque ! Autre chose: l’absence totale d’annonce dans la presse, y compris Télérama Sortir qui me lâche en rase campagne… Pourtant La Fraude avait fait beaucoup mieux dans les mêmes conditions; et D Diamantis, aussi déçue que moi, m’assure que d’autres films du cycle Découvertes rassemblent plus de public. Pourquoi ce flop alors ? La raison principale est, je crois, que mon réseau personnel parisien n’est plus assez étoffé. Trop longtemps que je suis parti et mes relations professionnelles, amicales, de voisinage… se sont etiolées, parties en province, disparues… De plus ceux qui restent sont vieillissants, malades, « doivent garder les petits enfants » donc ne sortent plus ; et les quelques uns qui m’ont fait le plaisir de se déplacer encore ne sont plus assez nombreux pour déclencher un phénomène de boule de neige. En somme, je suis trop vieux!

La pilule est d’autant plus amère que systématiquement les rares personnes qui voient le film sont enthousiastes: « Un film qui touche, un film qui devrait être montré partout, aux jeunes en particulier, un film qui est tellement d’actualité… Et comment faire pour visionner le premier épisode (La Fraude)? » Ca fait plaisir bien sûr mais ne compense pas la boule au ventre qui me saisit chaque fin de matinée à l’approche de la salle : »Combien aujourd’hui? ». Le jeudi 04/04, jour où Anita vient exprès de Toulouse pour co animer avec moi la projection, ce sera même zéro ! Je touche le fond, j’ai envie de pleurer et de tout plaquer.

Quelques maigres consolations toutefois : le vendredi 5/04, venue de Frédéric Strauss, le crâne brillant au 1/3 inférieur droit sur la photo ci-dessus (critique à Télérama et ancien rédac-chef adjoint des Cahiers). Il me fera un bref retour sympa: « J’ai trouvé votre film très tenu, avec de vraies qualités professionnelles et une tonalité à part, une recherche… » Le même jour: rencontre avec Philippe Chevassu, patron de Tamasa Distribution qui éventuellement pourrait envisager une publication DVD… On verra.

Et pour clôturer le désastre, la dernière projection aura lieu le dimanche 07/04 (photo ci dessus) au lieu du lundi 08, car la sono de la salle va tomber en panne, causant l’annulation de la dernière.

Résultat des courses: à peine une cinquantaine de spectateurs en 12 séances. On est loin de Titanic! Alors tout le monde autour de moi est gentil, m’encourage de diverses manières, me dit de ne pas désespérer, voire de continuer (F Strauss) ou encore affirme « être fier de mon exploit : un film en salle à Paris, tout le monde en rêve et toi, tu l’as fait! » (mon fils Ferdinand) « L’important est de toucher les gens, le film restera avec eux, les accompagnera dans leur vie, c’est ça le cinéma! » (ma fille Faustine) ; mais je ne sais plus, je doute de la totalité de mon entreprise. Paris en tout cas ne m’aime plus, et je rentre chez moi en guerrier vaincu.

Bientôt le 27

Au CGR de Castres, à Imagin’ de Gaillac (ni Arce ni Lapérouse d’Albi n’ont voulu de La Lettre) plusieurs projections suivies de débats. Chaque fois excellente réception et, pour l’équipe et moi, l’occasion de voir ce film dans des conditions techniques parfaites. Ca jette!

Prochaine étape: la sortie au Saint André des Arts. Depuis un mois que je m’y colle, la corvée des contacts avec la presse est enfin finie: soit un million de mails que personne ne lit, et quelques très rares retours de journalistes pour dire qu’il n’y aura pas de papier sur ce film. On se dirige donc vers l’habituel public d’amis et proches. Seront-ils nombreux?

Le temps des projections

Le 10 décembre à Lautrec première rencontre avec le public. Ecoute, applaudissements, débat intense. Et par la suite quelques messages qui font plaisir. Par exemple:

Je viens vous remercier de m’avoir conviée à la projection de « la lettre ». Voilà encore un sujet essentiel bien difficile à traiter . Comme toujours, vous réussissez sans complaisance à nous sensibiliser, à nous révéler subtilement, en nous laissant juste un peu du malaise nécessaire pour la prise de conscience. On mesure comme le chemin est long pour les femmes. J’ai aimé  vos choix pour mettre en lumière ce sujet et cette époque, la beauté des images, et le format si original du montage, la musique, les pubs, le noir et blanc avec juste une touche de couleur … Votre actrice m’a beaucoup touchée, elle a su nous transmettre un portrait juste  des femmes de cette période  (courageuses , à  la tâche, et aux avortements sans doute) , Elle m a bluffée .

Le lundi 8 janvier, à la Maison des auteurs, Rue Ballu (Paris), deuxième projection en vue pour les amis et quelques journalistes si possible. Viendront-ils? Ce serait une bonne idée car le film sortira le 27 Mars au Saint-André des Arts…

La Lettre: montage bouclé ?

Version 1, ça commence mal. Après avoir visionné le début, mon frère m’écrit:

« Je te confirme que la quête de cette pauvre mère de famille ne me parle pas du tout. Même si elle, elle parle beaucoup et comme un livre!…
Elle me reste étrangère et sa recherche du curé m’apparait comme tout à fait artificielle. Je ne parviens décidément pas à m’y intéresser.
Je l’impression de ne rien avoir pour m’attacher à elle, je ne la connais pas, elle m’apparait comme un instrument au service de ton discours (intrigue et thèse défendue) sans vraiment exister pour elle même ».

Version 2, après réécriture complète et réenregistrement d’une voix off, moins « surplombante », plus près du vécu de l’héroïne pour que le spectateur ne se sente plus étranger à sa quête, je fais visionner à quelques membres de l’équipe et autres proches. Myriam (habilleuse, maquilleuse, coiffeuse du film) me répond:

« J’adore le début avec le jeu radio-tiroir-son-
Je trouve que le son de la voix de Pascale, « regarde une lettre … » est trop bas.
De manière générale, je trouve qu’il faut beaucoup de concentration pour tout emmagasiner, surtout la voix off souvent trop rapide à mon goût.
« 

Version 3, nouvelle suppression de passages de voix off encore trop littéraires et surtout ajout de quelques spots publicitaires d’époque. Une manière de revenir au regard sur la féminité de ces années-là et d’ajouter un zeste de documentaire dans cette fiction. Ferdinand, mon fils et futur compositeur de la musique y va de son commentaire avant de se poser devant son clavier

« Coucou papa je viens de finir de regarder « la lettre ».
C’est cool ! Bravo ! Je trouve déjà que c’est mieux réussi techniquement. Les plans sont beaux, l’histoire est plus limpide à comprendre. 
Dans ce sens c’est agréable à regarder. Cela dit je trouve que globalement les enjeux narratifs me mettent difficilement en haleine durant tout le long du film. 
Mais c’est peut être parceque j’avais lu le scénario ! C’est une bonne idée aussi d’avoir entrecoupé les séquences avec quelques pub de l’époque. On voit bien que tu portes un regard critique. Ça remet bien en perspective comment la femme était perçue.
« 

Version 4, ajout de la musique. Mon vieux pote Hervé, réalisateur lui aussi, fait partie de mes spectateurs-test depuis toujours et me donne la sensation qu’on approche du but:

« Je viens de revoir La Lettre, version 4. J’ai apprécié les modifications. Il me semble que les premières images avec personnages figés et son off, passent beaucoup mieux. Je n’ai pas eu la même gêne que la première fois. Les inserts des publicités sont les bienvenus. Ils donnent une touche d’humour, permettent une certaine distance par rapport au propos, l’inscrivent parfaitement dans son contexte historique, culturel, idéologique. Juste un petit détail : j’ai eu l’impression que la musique était un peu trop forte sur le générique de début par rapport aux sons qui précèdent et qui suivent. Cela vient peut-être de mon ordinateur et de mes hauts parleurs très médiocres !  J’ai dû baisser le son et ensuite le remettre plus fort pour entendre la suite. L’ensemble est convaincant. »

Version 5, ma fille Faustine et Marie-Claire, la femme de Jean-Paul, chef op du film, sont passées par là pour trouver l’ensemble « très chouette » mais un peu « lent » ou « mou » par endroits. J’ai donc resserré les boulons, supprimé encore quelques passages trop explicatifs au profit d’ellipses… « Faire confiance au spectateur » disait l’autre… et voilà. Est-ce que ce Numéro 5 me portera autant chance qu’à un célèbre parfumeur?

« La Lettre, Voyage au pays d’avant #Me Too-Chapitre 2 » : Fin du tournage

3 Août 2023, midi trente: le dernier plan est en boîte.

J’ai donné peu de nouvelles ici entre cette publication et la précédente, la raison en est simple: trop d’intensité, trop de choses à faire, trop de bonheur à tourner avec cette équipe d’un engagement exceptionnel autour de moi.

Un immense merci à tous alors: Anita, Charles, Ainhoa et les autres enfants, Martin, Romain, Didier, Sabine, Mariamina, Aziz, Iris et tous les autres comédiens et figurants de la mémorable scène de la manif tournée le 23 juillet… Et puis Jean-Paul, Loïk, Myriam, Elise, Jean-Pierre, Aurélia et tous les autres derrière la caméra. Sans oublier ceux qui ont apporté des soutiens divers: voitures anciennes, décors, accessoires… Impossible de les citer tous, mais je me souviendrai toujours d’eux, c’était une aventure exceptionnelle.

Maintenant je vais me reposer un peu et puis on verra si le montage est à la hauteur de tous ces talents additionnés ! Enormes bises à eux

Costumes ? OK

Ce matin, 24 Juin, Super Rachel, étudiante américaine versée en matière de costumes, vient de repartir vers d’autres aventures. Elle était chez moi (au travers du système d’échanges Workaway) depuis début juin et ensemble nous avons écumé tout ce qui peut proposer des costumes à bon marché dans la région : Emmaus, bien sûr, mais aussi boutiques d’occasion, Vinted et rayons seconde main des supermarchés.

Résultat : une bonne vingtaine de tenues, dont presque la moitié pour le personnage de Cécile sont impeccablement alignés et étiquetés séquence par séquence sur un portant; attendant le premier jour de tournage.

Ca s’approche et si j’ai le trac, bien sûr, il pourrait être pire car, merci Rachel, on a super bien bossé !

Premier baiser

Nous y sommes de plus en plus. Les séances de travail avec mes deux comédiens principaux se succèdent et donnent naissance à Cécile et Jean-Pascal. Emotion de les voir naître sous mes yeux.

Ensemble ils ont commencé par imaginer, sous le feu de mes questions, les premières années de leur histoire d’amour, celles qui, avant le début du film, ont donné naissance à leur couple.

Et puis, une sélection de ces scènes ainsi que des principales du scénario ont donné lieu à des recherches de postures, d’images clé.

Voici celle du premier baiser. Frissons aussi bien devant que derrière l’objectif…