Accessoires : ça avance !

Un film qui se déroule pendant la diffusion d’un film. Un film dont le titre est celui d’un autre… Un film qui prend comme sujet un long-métrage qui n’a jamais existé. Embrouillé tout ça? Pas tellement, ou du moins c’est ce que je vais tenter de prouver aux futurs spectateurs de l’Empire du Mâle, chute et fin...

Mais pour ça il faut que les pièces du puzzle soient millimétrées et que les accessoires manuscrits jouent leur rôle aussi bien que les acteurs/trices.

Alors en ce moment je confectionne ces divers écrits que mon héroïne va exhumer comme autant de traces d’un passé douloureux, d’étapes dans l’élaboration d’un projet qui lui était particulièrement cher mais qui est resté inabouti.

Ainsi au départ il y a eu ce cahier dans lequel elle notait ses cours et autres brouillons d’exercices quand elle était à l’école de journalisme, dans les années 1985-87

Et dans ce cahier il y a un exercice que les profs avaient proposé à leurs étudiants pour les sensibiliser à la différence entre écriture journalistique et écriture d’imagination : rédiger une fiction d’après un fait réel. Pascale avait choisi de prendre comme point de départ l’histoire de son amie d’enfance : Mary, enfant battue et l’avait transposée en enfant abusée. Déjà une thématique qui l’obsédait.

Et puis, ayant retrouvé la Mary en question après quinze ans d’éloignement, l’idée de réaliser un documentaire sur leur amitié et sur les séquelles de l’enfance s’est imposée à Pascale. Son titre était Mary et moi ; un documentaire qu’une productrice convaincue des talents de réalisatrice de son auteur voulait bien tenter de produire. Sauf que, patatras, la Mary en question n’a pas voulu être filmée!

De là, alors, est née peu à peu l’idée de transposer cette histoire en fiction. Aidée par la productrice, puis carrément propulsée par le soudain intérêt d’une star du show biz qui a accepté le rôle principal, Pascale a cru un temps que son histoire de deux amies à la conquête de leur vérité dans un monde de brutes avait trouvé sa bonne étoile.

Hélas elle ignorait qu’elle mettait au contraire le doigt dans un engrenage bien trop macho pour une femme des années 1990, celui du monde du cinéma.

Dans le prochain article : équipe technique et première session de tournage à l’horizon.

Casting: ça avance!

Ce début d’après-mid a eu lieu un RV fructueux avec une certaine Paquita Galindo. En d’autres termes le dernier des rôles importants de l’Empire du mâle a été calé.

Mais revenons au point de départ. Dès notre premier RV pour évoquer la question, Anita (Schultz-Moszkowski, rôle principal de La Lettre) m’a signifié son accord pour remettre ça dans ce nouveau film. Joie et feu d’artifice dans les yeux de l’auteur de ces lignes… Avec elle, c’est un atout maître qui ouvrait la danse. Elle sera donc Pascale:

Mais le scénario prévoit aussi la même 30 ans plus tard, une sorte de Pascale âgée… Et là, grâce aux contacts de mon vieil ami JL Besombes, je suis arrivé jusqu’à Béatrice Fauré. Elle a « fait » le conservatoire quand elle était jeune, puis abandonné le métier pour cause de vie de famille, et repris le théâtre et les courts métrages sur le tard. Son jeu dans plusieurs d’entre eux m’a convaincu :

Parallèlement, en assistant à un spectacle de Noël mis en scène par l’inépuisable JM Hernandez (salutatoi l’ami), le « personnage » du dindon a attiré mon attention. Renseignement pris, celle qui l’incarnait s’appelait Chantal Antonietti et il m’a semblé qu’elle ferait parfaitement l’affaire pour le rôle de Jacqueline, la productrice et progressivement amie de Pascale… avant de devenir celle qui la trahirait (en gloussant évidemment):

Autre rôle décisif, celui de Mary, amie d’enfance de Pascale et devenue rockeuse, tendance punk. Ici, c’est Anita elle même qui m’a mis sur la piste. Elle en a touché deux mots à sa camarade de scène Flore Broué, à la suite de quoi celle-ci a bien voulu accepter une conversation téléphonique, puis un rendez-vous. Habituée des films à budget volé et des rôles, disons, radicaux avec le regretté JH Meunier, voici la cash et rebelle Mary:

Et enfin donc, retour à notre rencontre de ce début d’après-midi. Paquita Galindo, une nouvelle connaissance indirecte de JL Besombes (merci JM Combelles), théâtreuse confirmée et pleine d’envie de jouer, m’a paru parfaite pour le rôle de la mère de Pascale. Sensible, aimante et forte… en même temps que fragile, voici Cécile:

Bon, n’y a-t-il que des femmes dans ce film? Ben presque, oui. Mais plus sûrement les rares rôles masculins seront pourvus dans un deuxième temps car pour le moment l’urgence est de tourner ce qui doit apparaitre sur les écrans que Pascale, qu’elle soit jeune (Anita) ou âgée (Béatrice), regarde.

Suite et fin du casting une fois ceci fait donc. Soit dans quelques semaines. Et puis il faudra aussi que je parle de l’équipe technique…

Premiers plans !

Hier 21 Janvier 2025, lendemain de la prise de pouvoir sur le monde par des gangsters en bande organisée, un évènement bien plus fun a eu lieu : la mise en boîte des premiers plans de mon prochain film, L’empire du mâle, troisième et dernier volet de Voyage au pays d’avant #Me-Too.

C’était annoncé dans mon précédent article, l’interview de la star adjaniesque est donc en boîte. Mariamina dans le rôle était bluffante…

Et puis, l’après-midi : tournage d’une séquence du film diffusé à la TV à la suite de l’interview de l’actrice. Deux gendarmes viennent annoncer à une pauvre fille enceinte que son tout jeune mari a laissé une jambe dans un accrochage pendant la guerre d’Algérie. Le point de départ du drame, son noeud gordien.

Alors, à l’image, il y avait mon inséparable Jean-Paul. Combien de films avons nous faits ensemble vieux poteau que j’aime? Et autour de moi, toute ma bande d’amis fidèles: Mariamina, Jean-Louis, Laurent, Valérie bien sûr, et une nouvelle, la toute jeune Clara. Je suis profondément ému de votre soutien. Vraiment.

Ca repart !

Toujours dans l’attente de la validation par Octélé du docu sur Jan Dau Melhau, mais la rémunération pour ce travail commençant à arriver sur mon compte bancaire, je mets de côté quelques milliers d’euros. En vue de quoi? Je vous le demande… La résilience de mon découragement du guerrier vaincu narré dans ces lignes en avril dernier. En d’autres termes: je repars pour le troisième (et dernier) volet de « Voyage au pays d’avant #Me-too« ! Qui s’en étonne?

Son titre? L’Empire du mâle, chute et fin (aussi long que les deux premiers étaient réduits à un seul mot)

Le scénario est prêt depuis novembre dernier et, en guise de coup d’envoi, Anita Schultz-Moszkowski, brillante interprète de La Lettre, m’a galvanisé, après l’avoir lu, en me disant qu’elle aimerait beaucoup retravailler avec moi sur ce film. Ce fut le coup d’envoi. Merci Anita. Sans aucune hésitation, je lui ai réservé alors le rôle principal, c’est à dire celui de sa propre fille dans La Lettre. Bien sûr la stricte logique de la vraisemblance s’en voit contrariée, mais nous ne sommes pas, avec ce voyage dans l’histoire du droit des femmes à disposer de leur corps, dans une logique de série, plutôt celle d’une troupe qui, de film en film, se retrouve et dont les membres endossent des rôles différents. Sabine D’Halluin a, par exemple, interprété une mère dans la Fraude, puis une soeur aînée dans la Lettre et Romain Torres: un curé dans la Fraude, puis un soixante-huitard échevelé dans la Lettre.

Et après ça j’ai commencé à mener deux fronts en parallèle.

D’une part rechercher les interprètes pour les autres rôles. A à ce jour deux très importants semblent acquis, celui de Jacqueline, la productrice amie puis finalement « traitresse » et celui de Pascale, le personnage que jouera Anita mais dans sa version âgée. Noms et photos à venir quand la chose se confirmera après quelques essais.

De l’autre rassembler (merci Youtube) et tourner (quand nécessaire) les différentes bribes de films ou vidéos que les personnages regardent sur divers écrans (TV, magnétoscope etc…). Sur ce point, un premier tournage est prévu le 21 janvier. C’est l’interview d’une sorte de star de l’écran (genre I Adjani ou F Ardant) par une chaine de TV (genre Ciné-Cinémas) qui s’apprête à rediffuser un de ses films. Le décor est bientôt prêt!

Alléluia

Dimanche 15 décembre, La Fraude et la Lettre apparaissent sur la plateforme de VOD CinéMutins. Joie et fierté de l’auteur de ces lignes !!!

Il y avait longtemps que j’avais proposé mon dyptique au comité de sélection de cette coopérative dédiée aux films d’auteurs et autres documentaires engagés, mais après une réponse du genre: « oui, pourquoi pas? », le délai de réponse avait été quelque peu long… Au point que j’avais fini par presque ne plus attendre.

Et en début de semaine dernière, miracle: l’équipe éditoriale me demande de fournir tous les éléments. Résultat: c’est pas beau la vie ?

Alors allez-y donc voir: CinéMutins, émanation de la coopérative de production « Les Mutins de Pangée », répertorie de très nombreux titres, parmi lesquels des chefs d’oeuvre de Bergman, Herzog, Triet, Haneke, mais aussi foule de documentaires ou fictions moins célèbres mais tous conçus, et réalisés par des hommes ou des femmes… Non, par des conseils d’administration bancaires ou des agents de stars péri-Hollywoodiennes. Au fond, c’est un peu comme s’il y avait la même différence entre Netflix et CinéMutins qu’entre l’hyper Auchan ou Leclerc et le maraîcher bio du marché: on y trouve de super bons légumes, mais qui, en plus, ont du sens!

Accueil – CinéMutins par Les Mutins de Pangée

Montage ok ?

Un montage peut-il en cacher un autre? Tirer 52 minutes de 4 ou 5 heures de rushes implique forcément des choix, exprime un regard. Ce regard rencontre-t-il celui de Jan Dau Melhau, principal intéressé ?

Réponse: cette fois « oui » après quelques menues adaptations. Maintenant reste à voir quelle sera la réception de la chaîne. A voir d’ici quelques semaines en principe

Fin de tournage

Dernier jour aujourd’hui. Jan Dau Melhau, occitaniste, anarchiste, musicien, poète, auteur, éditeur et polémiste nous a accueilli dans son antre de Royer où il célèbre depuis plus de 40 ans la culture limousine. Jean-Paul Faure, mon vieux complice derrière la caméra et moi aux manettes, l’avons filmé, écouté et été impressionnés par sa culture, son talent mais surtout par la radicalité de son engagement anti technologie, anti centralisme et anti conformiste.

Demain je rentre chez moi pour me confronter aux rushes et attaquer le montage. C’est sûr qu’il sera difficile de concentrer toutes ces images et interviews intégralement en oc en 52 minutes, format demandé par la chaine commanditaire (Télé Oc). On fera deux versions: la diffusable et la director’s cut. Je suis certain qu’il ne déplaira pas à Dau Melhau de sortir ainsi des clous!

Chapitre 3

Voilà, c’est fait, le scénario du troisième volet de Voyage au pays d’avant #Me-Too existe. Son titre, L’empire du mâle, chute et fin, chapeaute l’histoire de Pascale, fille de Cécile (La Lettre) et petite-fille de Mathilde (La Fraude). L’action se situe dans les années 1990, trente ans donc après la Lettre et soixante après la Fraude avec une extension vers 2017, date d’éclosion du mouvement #Me-Too. Le but est atteint donc, et la trilogie se terminera là, avec ce réveil du droit des femmes à disposer de leur corps.

Bien sûr, j’aimerais pouvoir annoncer ici que cette nouvelle chronique d’une femme de trente ans aux prises avec un monde d’hommes sera bientôt mise en images, que son interprète principale sera une telle et que sa sélection au festival de Cannes n’est plus qu’une question de jours, mais je crains que ce soit quelque peu prématuré.

Je me contenterai alors seulement de dire que cette écriture a été longue, laborieuse, qu’elle est passée d’abord par le stade d’une version littéraire, une sorte de court roman qui m’a permis de mieux faire connaissance avec les personnages et mes propres intentions, puis que j’ai ensuite adapté ce roman en scénario, et que je le fais lire maintenant par quelques personnes de confiance pour y détecter les possibles lourdeurs, maladresses ou ambigüités. Au total : quasiment une année d’écriture.

Car le sujet est épineux bien sûr (sinon, quel intérêt?). Il est question du milieu du cinéma, du droit de cuissage, des abus de pouvoir en usage dans cet univers faussement glamour; et les évènements décrits s’inspirent autant de faits réels vécus par diverses jeunes femmes dans certaines chambres d’hôtel que de souvenirs moins sexués mais parfaitement autobiographiques en termes de dépossession et de mafia régnante.

Voilà!

On se dit à bientôt pour les premières étapes de la préparation?

Le retour du guerrier vaincu

Mercredi 27 mars 2024, première projection au Saint-André des Arts; jour « J » tant attendu, tant préparé, tant espéré… Résultat : 4 spectateurs!

Jeudi 28 mars, deuxième séance : 6 spectateurs, soit 50% de plus. Espoir.

Vendredi 29 mars: hélas, 1 seul spectateur! Je crois que c’est ce jour-là que j’ai compris et qu’a commencé une sorte de chemin de croix.

En effet samedi, dimanche, week-end ou pas week-end, rien n’y a fait et jamais plus de 7/8 spectateurs ne se sont présentés dans la salle. Pour quelle raison? L’horaire bien sûr: 13h c’est carrément héroïque ! Autre chose: l’absence totale d’annonce dans la presse, y compris Télérama Sortir qui me lâche en rase campagne… Pourtant La Fraude avait fait beaucoup mieux dans les mêmes conditions; et D Diamantis, aussi déçue que moi, m’assure que d’autres films du cycle Découvertes rassemblent plus de public. Pourquoi ce flop alors ? La raison principale est, je crois, que mon réseau personnel parisien n’est plus assez étoffé. Trop longtemps que je suis parti et mes relations professionnelles, amicales, de voisinage… se sont etiolées, parties en province, disparues… De plus ceux qui restent sont vieillissants, malades, « doivent garder les petits enfants » donc ne sortent plus ; et les quelques uns qui m’ont fait le plaisir de se déplacer encore ne sont plus assez nombreux pour déclencher un phénomène de boule de neige. En somme, je suis trop vieux!

La pilule est d’autant plus amère que systématiquement les rares personnes qui voient le film sont enthousiastes: « Un film qui touche, un film qui devrait être montré partout, aux jeunes en particulier, un film qui est tellement d’actualité… Et comment faire pour visionner le premier épisode (La Fraude)? » Ca fait plaisir bien sûr mais ne compense pas la boule au ventre qui me saisit chaque fin de matinée à l’approche de la salle : »Combien aujourd’hui? ». Le jeudi 04/04, jour où Anita vient exprès de Toulouse pour co animer avec moi la projection, ce sera même zéro ! Je touche le fond, j’ai envie de pleurer et de tout plaquer.

Quelques maigres consolations toutefois : le vendredi 5/04, venue de Frédéric Strauss, le crâne brillant au 1/3 inférieur droit sur la photo ci-dessus (critique à Télérama et ancien rédac-chef adjoint des Cahiers). Il me fera un bref retour sympa: « J’ai trouvé votre film très tenu, avec de vraies qualités professionnelles et une tonalité à part, une recherche… » Le même jour: rencontre avec Philippe Chevassu, patron de Tamasa Distribution qui éventuellement pourrait envisager une publication DVD… On verra.

Et pour clôturer le désastre, la dernière projection aura lieu le dimanche 07/04 (photo ci dessus) au lieu du lundi 08, car la sono de la salle va tomber en panne, causant l’annulation de la dernière.

Résultat des courses: à peine une cinquantaine de spectateurs en 12 séances. On est loin de Titanic! Alors tout le monde autour de moi est gentil, m’encourage de diverses manières, me dit de ne pas désespérer, voire de continuer (F Strauss) ou encore affirme « être fier de mon exploit : un film en salle à Paris, tout le monde en rêve et toi, tu l’as fait! » (mon fils Ferdinand) « L’important est de toucher les gens, le film restera avec eux, les accompagnera dans leur vie, c’est ça le cinéma! » (ma fille Faustine) ; mais je ne sais plus, je doute de la totalité de mon entreprise. Paris en tout cas ne m’aime plus, et je rentre chez moi en guerrier vaincu.

Bientôt le 27

Au CGR de Castres, à Imagin’ de Gaillac (ni Arce ni Lapérouse d’Albi n’ont voulu de La Lettre) plusieurs projections suivies de débats. Chaque fois excellente réception et, pour l’équipe et moi, l’occasion de voir ce film dans des conditions techniques parfaites. Ca jette!

Prochaine étape: la sortie au Saint André des Arts. Depuis un mois que je m’y colle, la corvée des contacts avec la presse est enfin finie: soit un million de mails que personne ne lit, et quelques très rares retours de journalistes pour dire qu’il n’y aura pas de papier sur ce film. On se dirige donc vers l’habituel public d’amis et proches. Seront-ils nombreux?