Tournage, chapitre 2

Samedi 31 mai et dimanche 1er juin: reprise des hostilités. Jean-Paul, Jean-Louis, Michel, Valérie: derrière et Anita, Chantal, Laurent: devant la caméra ont donné chair à toutes les scènes entre l’héroïne de l’Empire du Mâle, aspirante cinéaste, et sa productrice.

De professionnelle du documentaire, celle ci va devenir au fil de diverses séquences, la plupart situées dans son petit bureau, d’abord une conseillère, puis un mentor, et enfin une amie de sa jeune protégée.

Mais la vie n’est pas un long fleuve tranquille, y compris au pays des cinéastes et plus dure sera la chute…

Alors en attendant de voir le dénouement, sur grand écran évidemment, signalons qu’il faisait très chaud dans ce petit bureau… L’action combinée sans doute des esprits en ébullition et du soleil qui cognait au dehors. Et révélons aussi que, tournant dans les locaux de la mairie de Lautrec, nous avons été interrompus par un mariage. Mais c’est toujours moins désagréable d’être dérangés en pleine effervescence créatrice par un déferlement de dos nus et de noeuds-pap que par une tornade ou un bombardement. N’est-il pas?

Un grand merci à la ville de Lautrec en tout cas pour son accueil.

Il y a eu aussi un tournage mémorable à Castres avec un taxi d’époque, mais pas de photo sous la la main à insérer ici… La prochaine fois?

Tournage de l’Empire du Mâle, c’est parti !

Cette fois, on peut vraiment dire que ça a commencé ! Du dimanche 13 au vendredi 18/04, les premières séquences de l’Empire du Mâle ont été tournées (celles qui l’avaient été en février et mars n’étaient que des éléments destinés à être vus sur divers écrans, des films dans le film en quelque sorte).

Dimanche et lundi, alors, dans la cuisine « sixties », de la maison de J-Pierre Bleys ; les authentiques jeunots de la technique (J-Paul Faure/chef-op-cadreur, J-Louis Besombes/son et assistanats divers, Michel Gontié/électro-machino) ont donc abordé la vibrante Paquita (rôle de la mère) et la très juste et très subtile Anita (rôle de Pascale-jeune). Trois séquences criées ou chuchotées de confidences mère-fille ont inauguré le tableau.

Et puis de mardi à vendredi : quatre jours de huis clos dans ce petit salon TV où le personnage de Pascale (âgée) découvre, trente ans après sa réalisation, ce film qu’elle a tant rêvé de porter à l’écran quand elle était jeune, mais que son acteur principal, abusant de son statut de star, lui a finalement volé. Ici c’est l’impeccable Béatrice que la caméra a scrutée sous tous les angles, écoutée et observée, tandis que Valérie (mal fichue les deux premiers jours mais revenue au poste de maquilleuse) lui a donné son vrai visage de femme meurtrie mais toujours debout.

Je suis très ému par cette solidarité, cette bienveillance, ces talents qui m’entourent et m’accompagnent. Mille merci à eux.

Montage de ces diverses séquences et surtout recherche des prochains décors (qui a une idée pour un appartement en ville, un bureau de société de production et une chambre d’hôpital ? ) sont au menu des mes prochaines semaines.

Accessoires : ça avance !

Un film qui se déroule pendant la diffusion d’un film. Un film dont le titre est celui d’un autre… Un film qui prend comme sujet un long-métrage qui n’a jamais existé. Embrouillé tout ça? Pas tellement, ou du moins c’est ce que je vais tenter de prouver aux futurs spectateurs de l’Empire du Mâle, chute et fin...

Mais pour ça il faut que les pièces du puzzle soient millimétrées et que les accessoires manuscrits jouent leur rôle aussi bien que les acteurs/trices.

Alors en ce moment je confectionne ces divers écrits que mon héroïne va exhumer comme autant de traces d’un passé douloureux, d’étapes dans l’élaboration d’un projet qui lui était particulièrement cher mais qui est resté inabouti.

Ainsi au départ il y a eu ce cahier dans lequel elle notait ses cours et autres brouillons d’exercices quand elle était à l’école de journalisme, dans les années 1985-87

Et dans ce cahier il y a un exercice que les profs avaient proposé à leurs étudiants pour les sensibiliser à la différence entre écriture journalistique et écriture d’imagination : rédiger une fiction d’après un fait réel. Pascale avait choisi de prendre comme point de départ l’histoire de son amie d’enfance : Mary, enfant battue et l’avait transposée en enfant abusée. Déjà une thématique qui l’obsédait.

Et puis, ayant retrouvé la Mary en question après quinze ans d’éloignement, l’idée de réaliser un documentaire sur leur amitié et sur les séquelles de l’enfance s’est imposée à Pascale. Son titre était Mary et moi ; un documentaire qu’une productrice convaincue des talents de réalisatrice de son auteur voulait bien tenter de produire. Sauf que, patatras, la Mary en question n’a pas voulu être filmée!

De là, alors, est née peu à peu l’idée de transposer cette histoire en fiction. Aidée par la productrice, puis carrément propulsée par le soudain intérêt d’une star du show biz qui a accepté le rôle principal, Pascale a cru un temps que son histoire de deux amies à la conquête de leur vérité dans un monde de brutes avait trouvé sa bonne étoile.

Hélas elle ignorait qu’elle mettait au contraire le doigt dans un engrenage bien trop macho pour une femme des années 1990, celui du monde du cinéma.

Dans le prochain article : équipe technique et première session de tournage à l’horizon.

Casting: ça avance!

Ce début d’après-mid a eu lieu un RV fructueux avec une certaine Paquita Galindo. En d’autres termes le dernier des rôles importants de l’Empire du mâle a été calé.

Mais revenons au point de départ. Dès notre premier RV pour évoquer la question, Anita (Schultz-Moszkowski, rôle principal de La Lettre) m’a signifié son accord pour remettre ça dans ce nouveau film. Joie et feu d’artifice dans les yeux de l’auteur de ces lignes… Avec elle, c’est un atout maître qui ouvrait la danse. Elle sera donc Pascale:

Mais le scénario prévoit aussi la même 30 ans plus tard, une sorte de Pascale âgée… Et là, grâce aux contacts de mon vieil ami JL Besombes, je suis arrivé jusqu’à Béatrice Fauré. Elle a « fait » le conservatoire quand elle était jeune, puis abandonné le métier pour cause de vie de famille, et repris le théâtre et les courts métrages sur le tard. Son jeu dans plusieurs d’entre eux m’a convaincu :

Parallèlement, en assistant à un spectacle de Noël mis en scène par l’inépuisable JM Hernandez (salutatoi l’ami), le « personnage » du dindon a attiré mon attention. Renseignement pris, celle qui l’incarnait s’appelait Chantal Antonietti et il m’a semblé qu’elle ferait parfaitement l’affaire pour le rôle de Jacqueline, la productrice et progressivement amie de Pascale… avant de devenir celle qui la trahirait (en gloussant évidemment):

Autre rôle décisif, celui de Mary, amie d’enfance de Pascale et devenue rockeuse, tendance punk. Ici, c’est Anita elle même qui m’a mis sur la piste. Elle en a touché deux mots à sa camarade de scène Flore Broué, à la suite de quoi celle-ci a bien voulu accepter une conversation téléphonique, puis un rendez-vous. Habituée des films à budget volé et des rôles, disons, radicaux avec le regretté JH Meunier, voici la cash et rebelle Mary:

Et enfin donc, retour à notre rencontre de ce début d’après-midi. Paquita Galindo, une nouvelle connaissance indirecte de JL Besombes (merci JM Combelles), théâtreuse confirmée et pleine d’envie de jouer, m’a paru parfaite pour le rôle de la mère de Pascale. Sensible, aimante et forte… en même temps que fragile, voici Cécile:

Bon, n’y a-t-il que des femmes dans ce film? Ben presque, oui. Mais plus sûrement les rares rôles masculins seront pourvus dans un deuxième temps car pour le moment l’urgence est de tourner ce qui doit apparaitre sur les écrans que Pascale, qu’elle soit jeune (Anita) ou âgée (Béatrice), regarde.

Suite et fin du casting une fois ceci fait donc. Soit dans quelques semaines. Et puis il faudra aussi que je parle de l’équipe technique…

Premiers plans !

Hier 21 Janvier 2025, lendemain de la prise de pouvoir sur le monde par des gangsters en bande organisée, un évènement bien plus fun a eu lieu : la mise en boîte des premiers plans de mon prochain film, L’empire du mâle, troisième et dernier volet de Voyage au pays d’avant #Me-Too.

C’était annoncé dans mon précédent article, l’interview de la star adjaniesque est donc en boîte. Mariamina dans le rôle était bluffante…

Et puis, l’après-midi : tournage d’une séquence du film diffusé à la TV à la suite de l’interview de l’actrice. Deux gendarmes viennent annoncer à une pauvre fille enceinte que son tout jeune mari a laissé une jambe dans un accrochage pendant la guerre d’Algérie. Le point de départ du drame, son noeud gordien.

Alors, à l’image, il y avait mon inséparable Jean-Paul. Combien de films avons nous faits ensemble vieux poteau que j’aime? Et autour de moi, toute ma bande d’amis fidèles: Mariamina, Jean-Louis, Laurent, Valérie bien sûr, et une nouvelle, la toute jeune Clara. Je suis profondément ému de votre soutien. Vraiment.

Ca repart !

Toujours dans l’attente de la validation par Octélé du docu sur Jan Dau Melhau, mais la rémunération pour ce travail commençant à arriver sur mon compte bancaire, je mets de côté quelques milliers d’euros. En vue de quoi? Je vous le demande… La résilience de mon découragement du guerrier vaincu narré dans ces lignes en avril dernier. En d’autres termes: je repars pour le troisième (et dernier) volet de « Voyage au pays d’avant #Me-too« ! Qui s’en étonne?

Son titre? L’Empire du mâle, chute et fin (aussi long que les deux premiers étaient réduits à un seul mot)

Le scénario est prêt depuis novembre dernier et, en guise de coup d’envoi, Anita Schultz-Moszkowski, brillante interprète de La Lettre, m’a galvanisé, après l’avoir lu, en me disant qu’elle aimerait beaucoup retravailler avec moi sur ce film. Ce fut le coup d’envoi. Merci Anita. Sans aucune hésitation, je lui ai réservé alors le rôle principal, c’est à dire celui de sa propre fille dans La Lettre. Bien sûr la stricte logique de la vraisemblance s’en voit contrariée, mais nous ne sommes pas, avec ce voyage dans l’histoire du droit des femmes à disposer de leur corps, dans une logique de série, plutôt celle d’une troupe qui, de film en film, se retrouve et dont les membres endossent des rôles différents. Sabine D’Halluin a, par exemple, interprété une mère dans la Fraude, puis une soeur aînée dans la Lettre et Romain Torres: un curé dans la Fraude, puis un soixante-huitard échevelé dans la Lettre.

Et après ça j’ai commencé à mener deux fronts en parallèle.

D’une part rechercher les interprètes pour les autres rôles. A à ce jour deux très importants semblent acquis, celui de Jacqueline, la productrice amie puis finalement « traitresse » et celui de Pascale, le personnage que jouera Anita mais dans sa version âgée. Noms et photos à venir quand la chose se confirmera après quelques essais.

De l’autre rassembler (merci Youtube) et tourner (quand nécessaire) les différentes bribes de films ou vidéos que les personnages regardent sur divers écrans (TV, magnétoscope etc…). Sur ce point, un premier tournage est prévu le 21 janvier. C’est l’interview d’une sorte de star de l’écran (genre I Adjani ou F Ardant) par une chaine de TV (genre Ciné-Cinémas) qui s’apprête à rediffuser un de ses films. Le décor est bientôt prêt!

Alléluia

Dimanche 15 décembre, La Fraude et la Lettre apparaissent sur la plateforme de VOD CinéMutins. Joie et fierté de l’auteur de ces lignes !!!

Il y avait longtemps que j’avais proposé mon dyptique au comité de sélection de cette coopérative dédiée aux films d’auteurs et autres documentaires engagés, mais après une réponse du genre: « oui, pourquoi pas? », le délai de réponse avait été quelque peu long… Au point que j’avais fini par presque ne plus attendre.

Et en début de semaine dernière, miracle: l’équipe éditoriale me demande de fournir tous les éléments. Résultat: c’est pas beau la vie ?

Alors allez-y donc voir: CinéMutins, émanation de la coopérative de production « Les Mutins de Pangée », répertorie de très nombreux titres, parmi lesquels des chefs d’oeuvre de Bergman, Herzog, Triet, Haneke, mais aussi foule de documentaires ou fictions moins célèbres mais tous conçus, et réalisés par des hommes ou des femmes… Non, par des conseils d’administration bancaires ou des agents de stars péri-Hollywoodiennes. Au fond, c’est un peu comme s’il y avait la même différence entre Netflix et CinéMutins qu’entre l’hyper Auchan ou Leclerc et le maraîcher bio du marché: on y trouve de super bons légumes, mais qui, en plus, ont du sens!

Accueil – CinéMutins par Les Mutins de Pangée

Montage ok ?

Un montage peut-il en cacher un autre? Tirer 52 minutes de 4 ou 5 heures de rushes implique forcément des choix, exprime un regard. Ce regard rencontre-t-il celui de Jan Dau Melhau, principal intéressé ?

Réponse: cette fois « oui » après quelques menues adaptations. Maintenant reste à voir quelle sera la réception de la chaîne. A voir d’ici quelques semaines en principe

Fin de tournage

Dernier jour aujourd’hui. Jan Dau Melhau, occitaniste, anarchiste, musicien, poète, auteur, éditeur et polémiste nous a accueilli dans son antre de Royer où il célèbre depuis plus de 40 ans la culture limousine. Jean-Paul Faure, mon vieux complice derrière la caméra et moi aux manettes, l’avons filmé, écouté et été impressionnés par sa culture, son talent mais surtout par la radicalité de son engagement anti technologie, anti centralisme et anti conformiste.

Demain je rentre chez moi pour me confronter aux rushes et attaquer le montage. C’est sûr qu’il sera difficile de concentrer toutes ces images et interviews intégralement en oc en 52 minutes, format demandé par la chaine commanditaire (Télé Oc). On fera deux versions: la diffusable et la director’s cut. Je suis certain qu’il ne déplaira pas à Dau Melhau de sortir ainsi des clous!

Chapitre 3

Voilà, c’est fait, le scénario du troisième volet de Voyage au pays d’avant #Me-Too existe. Son titre, L’empire du mâle, chute et fin, chapeaute l’histoire de Pascale, fille de Cécile (La Lettre) et petite-fille de Mathilde (La Fraude). L’action se situe dans les années 1990, trente ans donc après la Lettre et soixante après la Fraude avec une extension vers 2017, date d’éclosion du mouvement #Me-Too. Le but est atteint donc, et la trilogie se terminera là, avec ce réveil du droit des femmes à disposer de leur corps.

Bien sûr, j’aimerais pouvoir annoncer ici que cette nouvelle chronique d’une femme de trente ans aux prises avec un monde d’hommes sera bientôt mise en images, que son interprète principale sera une telle et que sa sélection au festival de Cannes n’est plus qu’une question de jours, mais je crains que ce soit quelque peu prématuré.

Je me contenterai alors seulement de dire que cette écriture a été longue, laborieuse, qu’elle est passée d’abord par le stade d’une version littéraire, une sorte de court roman qui m’a permis de mieux faire connaissance avec les personnages et mes propres intentions, puis que j’ai ensuite adapté ce roman en scénario, et que je le fais lire maintenant par quelques personnes de confiance pour y détecter les possibles lourdeurs, maladresses ou ambigüités. Au total : quasiment une année d’écriture.

Car le sujet est épineux bien sûr (sinon, quel intérêt?). Il est question du milieu du cinéma, du droit de cuissage, des abus de pouvoir en usage dans cet univers faussement glamour; et les évènements décrits s’inspirent autant de faits réels vécus par diverses jeunes femmes dans certaines chambres d’hôtel que de souvenirs moins sexués mais parfaitement autobiographiques en termes de dépossession et de mafia régnante.

Voilà!

On se dit à bientôt pour les premières étapes de la préparation?